mardi 9 novembre 2010

Adoption/ Adaptation

Adaptation. Terme qui dérive d’« ad-aptare » qui signifie originellement rendre apte à ou ajusté à, joindre ou conformer.

Adopter. Terme qui dérive de « optare » qui signifie choisir.

L’opposition de ces deux termes vise à faire comprendre la nature de l’individuationi : celle-ci est une adoption bien plutôt qu’une adaptation. La problématique, aujourd’hui hégémonique, de l’adaptation (s’adapter à un milieui, s’y conformer) doit impérativement être complétée par celle de l’adoption (adopter son milieu, s’y inventer).

Dans une certaine mesure, la distinction entre adaptation et adoption rejoint celle de l’usage et de la pratique, tout comme elle rejoint celle de l’audiencei et du publici (voir exemple ci-dessous).

Individuation et adoption. Le « faire sien » qu’est l’adoption suppose une sélection, une participationi de ce qui adopte à ce qui est adopté. Toute individuation, en tant qu’elle est psychique et collective, est un processus d’adoption (il n’est pas de « je » qui n’adopte un « nous ») ; autrement dit, l’individuation humaine passe toujours par l’appropriation d’un « fond pré-individuel ». La santé d’une individuation se mesure à sa possibilité d’adoption (d’un mode de vie, d’une technique, de migrants, etc.).

Adaptationnisme. Simondon disait qu’il faut réformer tous les systèmes de pensée reposant sur l’idée d’adaptation, il invitait ainsi à comprendre que s’individuer ne peut pas signifier s’adapter à un milieu préexistant. Réformer l’adaptation c’est nécessairement réévaluer la question de la norme (cf. Friedmann, Canguilhem, Foucault, etc.). Actuellement, le vif débat institutionnel sur l’évaluation est le prolongement du débat scientifique sur la nature de l’adaptation (est-elle mesurable, quantifiable ?). L’adaptation est devenue une idéologie (que l’on peut qualifier d’adaptationnisme) qui nourrit, entre autres, un conservatisme politique (si on invoque l’adaptation comme seule solution, c’est pour asseoir l’idée qu’il n’y aurait pas d’autres alternatives au cours des choses) ou une incuriei médicale (est qualifié de « troubles de l’adaptation » tout ce qui ne rentre pas dans le moule[1]).


[1] « Troubles de l’adaptation ». Sans analyser ce terme par lequel on nomme certaines déviances comportementales, il convient de remarquer que face à l’incurie du DSM, on ne sait plus très bien qui, de l’industriei psychiatrique et pharmacologique ou des malades et des patients en puissance, est victime de « troubles de l’adaptation ». Il convient de repenser une politique du soin de l’âme qui prévient plutôt qu’elle ne guérit ces troubles présumés. Notre idée est qu’une telle politique est précisément, pour l’essentiel, une reconsidération de l’adaptation des esprits à ce qui détruit l’attentioni, à savoir l’industrie audiovisuelle aux mains du capital.


www.arsindustrialis.org

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