mardi 11 mai 2010

Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul
reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première
raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. Voilà ce qui arrive aux plus braves chevaux qui
d’abord mordent leur frein, et après s’en jouent, qui, regimbant naguère sous la selle, se présentent
maintenant d’eux-mêmes sous le harnais et, tout fiers, se rengorgent sous l’armure.
Ils disent qu’ils ont toujours été sujets, que leurs pères ont vécu ainsi. Ils pensent qu’ils sont
tenus d’endurer le mal, s’en persuadent par des exemples et consolident eux-mémes, par la durée,
la possession de ceux qui les tyrannisent.


Discours de la servitude volontaire, Etienne de la Boétie, 1547

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