lundi 22 février 2010
à M. Leclerc et M. Olofsson
[...]Or ce tyran seul, il n’est pas besoin de le combattre, ni de l’abattre. Il est défait de lui-même,
pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s’agit pas de lui ôter quelque chose,
mais de ne rien lui donner. Pas besoin que le pays se mette en peine de faire rien pour soi, pourvu
qu’il ne fasse rien contre soi. Ce sont donc les peuples eux-mêmes qui se laissent, ou plutôt qui
se font malmener, puisqu’ils en seraient quittes en cessant de servir. C’est le peuple qui s’asservit
et qui se coupe la gorge ; qui, pouvant choisir d’être soumis ou d’être libre, repousse la liberté et
prend le joug ; qui consent à son mal, ou plutôt qui le recherche... S’il lui coûtait quelque chose
pour recouvrer sa liberté, je ne l’en presserais pas ; même si ce qu’il doit avoir le plus à coeur est
de rentrer dans ses droits naturels et, pour ainsi dire, de bête redevenir homme. Mais je n’attends
même pas de lui une si grande hardiesse ; j’admets qu’il aime mieux je ne sais quelle assurance de
vivre misérablement qu’un espoir douteux de vivre comme il l’entend.
Étienne de la Boétie, discours de la servitude volontaire 1549
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