lundi 22 février 2010

Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa (1955- )



Il y a trois sortes de tyrans.
Les uns règnent par l’élection du peuple, les autres par la force des armes, les derniers par
succession de race. Ceux qui ont acquis le pouvoir par le droit de la guerre s’y comportent —
on le sait et le dit fort justement comme en pays conquis. Ceux qui naissent rois, en général, ne
sont guère meilleurs. Nés et nourris au sein de la tyrannie, ils sucent avec le lait le naturel du
tyran et ils regardent les peuples qui leur sont soumis comme leurs serfs héréditaires. Selon leur
penchant dominant—avares ou prodigues —, ils usent du royaume comme de leur héritage. Quant
à celui qui tient son pouvoir du peuple, il semble qu’il devrait être plus supportable ; il le serait, je
crois, si dès qu’il se voit élevé au-dessus de tous les autres, flatté par je ne sais quoi qu’on appelle
grandeur, il décidait de n’en plus bouger. Il considère presque toujours la puissance que le peuple
lui a léguée comme devant être transmise à ses enfants. Or dès que ceux-ci ont adapté cette opinion,
il est étrange de voir combien ils surpassent en toutes sortes de vices, et même en cruautés, tous
les autres tyrans. Ils ne trouvent pas meilleur moyen pour assurer leur nouvelle tyrannie que de
renforcer la servitude et d’écarter si bien les idées de liberté de l’esprit de leurs sujets que, pour
récent qu’en soit le souvenir, il s’efface bientôt de leur mémoire. Pour dire vrai, je vois bien entre
ces tyrans quelques différences, mais de choix, je n’en vois pas : car s’ils arrivent au trône par des
moyens divers, leur manière de règne est toujours à peu près la même. Ceux qui sont élus par le
peuple le traitent comme un taureau à dompter, les conquérants comme leur proie, les successeurs
comme un troupeau d’esclaves qui leur appartient par nature.


Etienne de la Boétie, discours de la servitude volontaire 1549

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